Une Belge journée
EN
With a sense of humor and puns that has nothing to envy François Morellet, his illustrious eldest, it is not
surprising that for this new, nicely titled exhibition in Brussels, Etienne Bossut makes explicit reference to
him. One can also see a tribute to this French artist, whose inventiveness and creativity are in tune with his
formal rigor and his brilliant variations.
It’s the same sort of spirit one will find in the work of Etienne Bossut, with this ability to never position
himself where we think we will find him, thwarting expectations, luring the viewer with natural ease. Indeed,
what could be more normal for him than to seize the famous Tam Tam stool, icon of French design and all the
plastic of the late 1960s, to rework its upper base according to his usual technique of molding colored
plastic.
Always oscillating closely between the appearance of painting and reality of sculpture allowed by the use of
polyester, the practice of Etienne Bossut is in this case more tautological than ever. It differs from the
readymade which some of his other achievements flirt with, where ambiguity is more assertive.
It also allows him to revisit in a single piece, certainly of monumental potential, some parts of the history
of
20th century art, beginning with the wall installation, since this is indeed what is concerned with the
possible
development of this piece. While François Morellet, with his painting Blue Green Yellow Orange (1954) and
Henry
Massonnet, with his Tam Tam stool (1968), are of course explicitly summoned, a foray into the history of art
and
new technology still allows to broaden the field of vision. One can indeed find these colored circles in an
amazing premonitory gouache by Sophie Taueber-Arp dating back to 1934 (Komposition mit Kreisen), but also as a
basic background for our iPhones in this early twenty-first century…
Similarly, titling and exposing in the country of Magritte, Sans Objet, a pipe molded in an ashtray of the
same
color does (certainly) not lack sense and allows Bossut to indulge in one of his favorite pastimes, playing
with
words and objects on at least at two levels.
The artist is a follower of deployment: that of series, objects, colors, layouts, of accumulations themselves,
as if it was a matter of exhausting speech by pushing it the outer limits of its variants, of its tautological
redundancy, to turn the subject while leaving the interpretations open.
Bernard Marcelis
FR
Doté d’un sens de l’humour et du calembour qui n’a rien à envier à François Morellet, son illustre aîné, on ne
s’étonnera guère qu’Etienne Bossut, pour cette nouvelle exposition à Bruxelles joliment titrée, y fasse
explicitement référence. On peut y voir aussi un hommage à cet artiste français dont l’inventivité et la
créativité sont au diapason de sa rigueur formelle et de ses déclinaisons jouissives.
C’est un peu le même esprit que l’on retrouve dans le travail d’Etienne Bossut, avec cette faculté à ne jamais
se positionner là où l’on pense le trouver, à déjouer les attentes, à leurrer le regardeur avec une aisance
naturelle. En effet, quoi de plus normal pour lui que de s’emparer du célèbre tabouret Tam Tam, icône du
design
français et du tout plastique de la fin des années 1960, pour retravailler sa base supérieure selon sa
technique
habituelle de moulage en plastique coloré. Oscillant toujours étroitement entre une apparence de peinture et
une
réalité de sculpture que permet l’utilisation du polyester, la pratique d’Etienne Bossut, dans ce cas-ci est
plus tautologique que jamais. Elle s’écarte du ready-made avec lequel flirtent certaines autres de ses
réalisations où l’ambigïté est plus affirmée.
Elle lui permet également de revisiter, avec une seule oeuvre, certes à potentiel monumental, quelques pans de
l’histoire de l’art du XXe siècle, à commencer par celui de l’installation murale, puisque c’est bien de cela
dont il s’agit avec le développement possible de cette pièce. Si François Morellet, avec son tableau Bleu Vert
Jaune Orange (1954) et Henry Massonnet, avec son tabouret Tam Tam (1968), sont bien entendu explicitement
convoqués, une petite incursion dans l’histoire de l’art et des nouvelles technologies permet encore d’en
élargir le champ de vision. On peut en effet retrouver ces cercles colorés dans une étonnante gouache
prémonitoire de Sophie Taueber –Arp datant de 1934 (Komposition mit Kreisen), mais aussi comme fond d’écran
basique pour nos iPhone de ce début du XXIe siècle…
De la même façon, intituler, et exposer au pays de Magritte, Sans objet une pipe moulée dans un cendrier de la
même couleur ne manque pas (d’affirmation) de sens et permet à Bossut de se livrer à une de ses occupations
favorites, jouer sur les mots et les objets au minimum au deuxième degré.
L’artiste est un adepte du déploiement: celui des séries, des objets, des couleurs, des agencements, des
accumulations même, comme s’il s’agissait d’épuiser le discours en le poussant aux limites extrêmes de ses
variantes, de ses redondances tautologiques, de faire le tour du sujet tout en en laissant les interprétations
ouvertes.
Bernard Marcelis